Le chemin de croix – aussi appelé Via Crucis – est d’abord un acte dévotionnel qui permet de méditer sur les événements entourant la passion de Jésus et de réfléchir sur leur signification profonde. Les diverses stations sont les étapes parcourues par celui-ci lors de sa montée au Calvaire; leur nombre varie jusqu’à la fin du XVIIe siècle et ce sont les papes Clément XII (1731) et Benoît XIV (1741) qui fixent la forme de cette dévotion. La plupart des églises et des chapelles abritent un chemin de croix. Les quatorze scènes menant depuis la Condamnation jusqu’à à la Mise au tombeau sont disposées à des intervalles tels qu’elles jalonnent une route : en les parcourant, les fidèles effectuent le tour complet de l’église. Par extension, le chemin de croix désigne l’ensemble des symboles matériels marquant les différentes « stations ».
Le chemin de croix nouveau qui prend place sur les murs de la nef est une œuvre remarquable. Chacun des tableaux peint en camaïeu de gris sur fond bleu est constitué d’un émail sur métal exécuté avec finesse. Dans cette technique artistique, la plaque métallique est d’abord emboutie pour obtenir une forme bombée qui résiste aux cuissons successives, puis martelée pour accroître sa rigidité. La composition est réalisée par superposition de couches d’émail, posées et cuites séparément, en débutant par celles qui supportent les plus hautes températures. Ces scènes ont été réalisées en France, peut-être à Limoges, où cette technique millénaire a connu un renouveau dans la seconde moitié du XIXe siècle, d’après un modèle breveté de la firme parisienne spécialisée de Lucien Chovet, qui œuvrait comme peintre, doreur, bronzier et fabricant d’ornements d’églises dans le quartier Saint-Sulpice. À ce jour, il n’a pas été possible d’établir qui a réalisé ces scènes réalistes. Chacune est peinte avec minutie et valorisée par un cadre en chêne massif, en forme d’édicule surmonté d’une croix, sculpté, teint, vernis et rehaussé de dorure. L’ensemble offert dès 1889 par quelques congréganistes à la chapelle de la Congrégation de Saint-Roch de Québec – devenue en 1901 l’église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier, a été érigé le 10 janvier 1890, lors des célébrations du cinquantenaire de la société. Le réaménagement des paroisses de la ville a conduit à la fermeture du lieu de culte en 2012. Nous accueillons avec gratitude le don généreux de cet ensemble de qualité par le conseil de fabrique de Notre-Dame de Saint-Roch. Il rehausse superbement l’intérieur de Sainte-Anne – dont il est contemporain – et remplace avec avantage les moulages de plâtre – privés de leurs encadrements, altérés et surpeints lors des travaux de 1966 – qui se trouvaient dans l’église, incitant au recueillement et à la méditation.
La mise en place de ce chemin de croix magnifique constitue la première étape d’un projet visant à rendre l’intérieur de l’église conforme aux exigences de la célébration du rite extraordinaire, et à restaurer sa dignité.
– René Villeneuve, Juillet 2014
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Photos: Jean-Claude Grant